Les
opérations aériennes françaises devraient continuer au Levant,
même après la fin du « califat » de l’EI
Entre les missions ponctuelles de police du ciel menées au profit des États
baltes, les opérations Barkhane (Sahel) et Chammal (Levant),
les vols de reconnaissance régulièrement effectués en Libye et
la protection de l’espace aérien français (sans oublier les missions
quotidiennes de service public), l’armée de l’Air est très sollicitée, au point
que cela provoque une accumulation de « déséquilibres organiques ». Et le «
risque d’un effondrement est réel », selon son chef d’état-major (CEMAA), le
général André Lanata.
D’autant plus que désormais, des opérations comme Chammal et Barkhane
s’inscrivent dans le temps long. Et se pose donc la question de la «capacité à
durer», c’est à dire à tenir la distance. C’est la raison pour laquelle le
général Lanata plaide pour maintenir le nombre d’avions de combat en ligne à
215, alors qu’il était jusqu’à présent prévu de n’en compter que 185 en 2021,
après le retrait en service des Mirage 2000N et des Mirage 2000C.
Pour redonner du potentiel (le CEMAA parle de « réparer le présent »), il
faudrait moins d’engagements. Et au vu de la situation actuelle, on ne tend pas
vers cela… Pourtant, il pourrait être envisagé de réduire l’effort en
Syrie et en Irak, étant donné que le califat proclamé par l’État
islamique (EI ou Daesh), vit certainement ses dernières semaines,
surtout après la défaite des jihadistes à Deir ez-Zor (ville reprise par les
forces syriennes, aidées par la Russie) et al-Qaim (désormais sous contrôle des
troupes irakiennes, appuyées par la coalition dirigée par les États-Unis).
Ainsi, la semaine passée, l’aviation française n’a effectué qu’une seule
frappe en Irak, pour 39 sorties, essentiellement dédiées au renseignement et à
la reconnaissance.
Mais tel n’est pas l’avis du général Lanata. « Il est difficile à ce stade
de prédire avec certitude l’évolution de cette campagne dans les mois à venir.
Après Raqqa, les opérations vont se poursuivre pour éliminer Daesh dans la
basse vallée de l’Euphrate. La phase de stabilisation qui devrait suivre la
chute du califat, sera certainement longue et exigeante en termes de moyens de
renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) et d’appui aérien,
bien que probablement moins cinétique que ce que nous avons vécu jusqu’à
maintenant », a-t-il expliqué aux députés de la commission de la Défense.
Et le CEMAA d’ajouter : « C’est du moins l’expérience que nous avons faite
sur les théâtres d’opérations précédents en Afghanistan comme au
Mali. Il s’agit d’une phase essentielle aux opérations militaires car
elle conditionne souvent la reprise du processus politique et diplomatique. Il
ne faut donc en sous-estimer ni l’importance, ni la complexité. »
Par ailleurs, le général Lanata est revenu sur l’environnement complexe dans
lequel doivent évoluer les aviateurs (mais aussi les marins de la chasse
embarquée).
« L’imbrication des forces au sol est de plus en plus marquée, au fur et à
mesure que l’étau se resserre sur Daech en Syrie. Il en est de même dans les
airs. Les avions de la coalition évoluent désormais quotidiennement dans un
mouchoir de poche à proximité des Sukhoï russes et des Mig syriens, tout cela
au cœur des systèmes de défense sol-air des forces armées russes et syriennes
», a expliqué le CEMAA. Aussi, selon lui, «ceci illustre la complexité de la
situation.»
Le général Lanata fait le constat que les forces aériennes ont
produit des effets militaires décisifs contre Daesh. Seulement, a-t-il
ajouté, il en «résulte mécaniquement que les espaces aériens dans lesquels nous
opérons sont de plus en plus contestés : moyens de défense sol-air et chasseurs
de dernière génération sont au cœur de l’engagement des forces de part et
d’autre.» Et c’est une «réalité avec laquelle nous allons devoir compter sur
nos théâtres d’opérations», a-t-il estimé.
Enfin, le CEMAA a aussi fait le constat que « l’enjeu du contrôle du terrain
est lié en réalité à celui du contrôle de l’espace aérien face à des rivaux
disposant de capacités symétriques aux nôtres ». Et les rivaux dont il est
question sont les forces aériennes russes et syriennes pour le cas du Levant. «
Dans un conflit de type symétrique, soit vous disposez des instruments de
suprématie aérienne et vous avez une chance de l’emporter, soit vous ne les
avez pas et vous êtes certain de perdre! Ceci est démontré historiquement »,
a-t-il fait remarquer aux députés.
Cela oblige donc les personnels de l’armée de l’Air, dont évidemment les
équipages, à rester « au meilleur niveau, tant en termes d’équipements que de
préparation opérationnelle, pour maîtriser des situations potentiellement
conflictuelles et continuer de faire peser notre volonté par la voie des airs,
sans tomber dans les pièges que ce type de situation pourrait engendrer du fait
de la contraction des espaces de manœuvre », a fait valoir le général
Lanata.
Source : Zone Militaire
CGU :
Nous utilisons des cookies pour améliorer le fonctionnement, le contenu
et la sécurité de notre site. En visitant notre site, et tout
particulièrement avant de poster un commentaire, vous reconnaissez avoir lu et
accepté nos Conditions
Générales d'Utilisation. Merci.
* * *